Igue de Saint-Martin
- Lieu: Nord Lot (46)
- Date: 29/12/2022
- Type de sortie: Grottes de classe IV
- Présents: Stéphane (SCHV), Anaïs (SCHV), Clément (SCHV), Laurence (SCHV), Patrick (SCHV), Nicolas (SCSP)
- Excusé: /
- Déduction fiscale: 52km (Niko)
- **Assurance temporaire: / **
- **Temps passé sous terre: 4h15 **
- En interclub avec le Spéléo Club de Haute-Vienne
Topo du trou
Je scrute de temps à autre les messages qui circulent sur la prestigieuse liste de courriel du SCHV (speleoclub87 at googlegroups.com). Certains sont rédigés dans la langue de Ludwig von Beethoven. Dieu seul sait pourquoi ? Je rappelle que le SCHV est aussi un lieu d'échange et de culture ! Visiblement une sortie semble s'organiser proche des mes pénates. Je réponds à la liste que je serai disponible vers midi sur place...C'était un peu optimiste sachant que mon contrôle anti-pollution se déroule à Souillac vers 11h50.
Cela semble bouchonner
Après une matinée rythmée par un enchainement de retards, j'arrive en voiture devant le chemin d'accès du trou. En passant, je jette deux kits de matériels ainsi que tout mon équipement puis je pars garer le véhicule. Stéphane m'a laissé un message sur le répondeur: il faut des cordes et des amarrages...ou c'est l'inverse, je sais plus ! Je pisse, je cours jusqu'au chemin qui monte de facon abrupte jusqu'à l'entrée de la cavité. Je m'habille en 4ème vitesse, il est 12h47. 12h53, je suis prêt et je monte en direction du trou alourdi de deux sacs bien remplis.
L'entrée vu de l'intérieur
Anaïs feraille
J'arrive à l'entrée horizontale de la cavité. C'est bon signe, j'entends du bruit ! Immédiatement je constate que le départ de la main courante se fait à partir un mono-point. Je double le point en songeant que le Dieu de la spéleo m'observe certainement (depuis le bas ?). Je croise Anaïs avec qui je fais promptement connaissance. Elle s'engage avec dextérité dans le premier puits de la cavité afin de rejoindre Patrick qui encadre Clément durant la descente. C'est libre ! Je rejoins Anaïs sur un redan pas vraiment large ni confortable. Je perçois pour la première fois la voix de Clément. Celle-ci parait fébrile. Il semble être en difficulté dans un des premiers fractio du puits incliné. Je double Anaïs pour me rendre à sa rencontre. Patrick est non loin de lui et il semble m'indiquer qu'il n'ira pas plus bas. Je mets rapidement en place un balancier pour extraire Clément et le ramener en surface le plus prestement possible. Sorti du puits incliné, il se rétablit de ses appréhensions et remonte par ses propres moyens. Il part ensuite seul pour se reposer en surface.
Un peu d'attente mais c'est relativement fluide
Patrick nous a quitté avec les 2 kits de matériels pour en abreuver Stéphane qui équipe en tête du peleton. Nous descendons tout deux, Anaïs et moi. Je n'ai pas tellement grand chose à lui dire, visiblement elle a déjà eu de bons professeurs...Arrivés en bas du puits incliné, nous butons sur le reste de l'équipe qui descend un petit puits. Nous franchissons un très court ramping laissant place à nouveau à un puits de dimensions modestes. Conscienceusement, Stéphane est en train d'équiper la tête de puits sous les yeux ébahis de nos neophytes. C'est l'occasion ou jamais de raconter quelques conneries et blagues machistes de mon cru.
Fin du plan incliné
Nous évoluons au rythme de l'équipement dans le magnifique puits hélicoïdal qui dévale vers le coeur du causse. Nos intiés contemplent le spectacle qui leur est donné par dame nature. Au grès des obstacles, les gestes se font plus précis. Très rapidement, nous arrivons au faux fond de la cavité...celui où l'on s'arrête quand on a déjà fait le vrai fond et que l'on a pas envie de se salir inutilement. Nous sommes tous les 4 réunis à la base des puits. Le moment est propice pour vieux-conniser. La vieux-connisation est un processus lent et inéluctable qui affecte la perception du monde des personnes agées de 40 ans et plus. Nous évoquons le temps des calbondes, du carbures et autres gadgets de jadis qui ont teinté (en noir essentiellement) nos sorties passées. Les néophytes nous écoutent. Ils sont presque larmoyants tant ce moment est poignant. Laurence se reprend. Heu, au final, je crois qu'elle en avait rien à cirer. Elle demande quand est-ce qu'on sort.
Trouvez les 7 erreurs
Nous déterminons l'ordre de remontée des spéléologues selon un processus complexe de calcul dérivé de l'algorithme quantique de Shor. Afin d'éviter toute contention décionnnelle au sein de l'équipe de déséquipement dont je représente l'unique composante, je choisi de partir le dernier. Stéphane assure le coaching des débutants et part le premier. Laurence suivra le mouvement, au rythme des scintillements de son éclairage. Je vois, je vois pas, je vois, je vois pas, je vois, je vois pas. Sa vie est en train de devenir plus intéressante. Elle doit se concentrer pour ne pas succomber à une crise d'épilepsie engendrée par le clignotement incessant de sa lampe.
Patrick en pleine action
Patrick vient s'insérer entre les deux jeunes femmes. pour les lecteurs à l'esprit alambiqué, je tiens à clarifier les évènements : ici, nous parlons uniquement de spéléologie. Anaïs emboite le pas, dés que le fractionnement est libéré. Sous les conseils avisés de Patrick, elle passe les fractionnements suivants sans heurt. Nous voilà déjà arrivés au pied du plan incliné. Stéphane nous fait une démonstration de glisse sur argile, une discipline naissante et encore inconnue du grand public. Par pure bienveillance, nous laissons un kit bien lourd de matériel à Laurence qui entrevoit le monde qui l'entoure durant 50% du temps seulement.
On dirait presque qu'elle est contente !
Pendant ce temps, on discute casque avec Patrick. Lui aussi pense que l'Ecrin Roc est le meilleur casque que le monde spéléo ait porté. Il m'explique que le sien a déjà plus de 10 ans et qu'on lui a vivement conseillé de le changer. Je plussoie, et lui explique la fin de vie de mon regretté feu casque...Il pense acheter le Petzl Boréo. Ayant testé ce caque, je l'en disuade et retire mon casque puis lui montrer les sacro-saintes sangles qui ornent la coiffe. "C'est le digne descendant de l'écrin" lui dis-je. Il me demande alors le nom du modèles. Je réfléchis quelques instants avant de lui répondre. "C'est le Vertex", lui retorquais-je.
Magnifique petit noeud pour éviter de coincer la cordelette dans le croll
Patrick part à son tour pour remonter l'avant dernier puits alors que Stéphane est presque en haut. Nous suivrons rapidement, Anaïs et moi. Je m'efforce de déséquiper les amarrages de mettre les cordes dans les kits, alors que des salves de cailloux dévalent régulièrement le puits. "Loupé", je lance à de nombreuses reprises à mes assaillants. En quelques minutes, nous regagnons tous l'extérieur. Puis, nous dévalons tous la pente qui mène à la piste en contrebas. Tout le monde est sauf, nous sommes arrivés aux voitures. Nous pouvons nous changer, boire de la bière en nous libérerant de l'énorme pression qui s'appuyait sur nos épaules. Il est temps d'échanger sur les projets à passés et à venir...catacombes, grillades au feu de bois, carrières.
L'équipe presque au complet
Et c'est ainsi que s'achève la sortie, sous le rythme soutenu d'une pluie battante.
Nicolas
Time to return