Le Saut de la Pucelle
- Lieu: Lot (46)
- Date: 03/02/2023
- Type de sortie: Grotte de classe IV
- Présents: Yann (?), Camille, Nicolas (SCSP)
- Excusé: /
- Déduction fiscale: 44km (Niko)
- Assurance temporaire: /
- **Temps passé sous terre: 5h **
Encore un tour à la pucelle...cela fait beaucoup de fois en peu de temps que je m' rend. Mais qu'à cela ne tienne !! C'est pour la bonne cause car Camille a besoin de boucler sa liste de courses pour rentrer dans son cycle de DE "Spéléologie". Déjà que je lui avait posé un lapin pour l'aven de la cheminée. M'enfin c'est pas facile de se taper l'aller-retour sur le week-end sans personne pour covoiturer !
Rendez-vous 10h au parking de la pucelle où gît un magnifique parcours accrobranche. Je rencontre Yann, qui vient de Lozère. Il a partagé avec Camille les affres souterraines des étroitures d'entrée de l'aven de la cheminée. Nous nous habillons rapidement, enfin dans la mesure du possible car enfiler une néoprène de 10 ans d'âge n'est pas chose aisée. Les néoprènes, c'est comme les femmes et les boxeurs, cela veillit plus vite que l'on ne voudrait...
Un crapeau se languissant du soleil
Je me trimballe une gueule dans le cul légendaire. C'est tout juste si j'arrive à me situer dans le temps et l'espace tellement je suis fatigué et en manque de sommeil. Je loupe le chemin qui mène à l'entrée de la Pucelle à deux reprises. Je rigole intérieurement car je me met brièvement à la place des deux inconscients qui me suivent, qui doivent être hautement rassurés de voir avec quelle effacité je prend en mains la marche d'approche...ca promet !!! Ils doivent se demander si je suis bourré ou débile. Mdrrrr
Il y a des endroits où se baigner
On fait une petite photo à l'entrée pour immortaliser l'évenement, puis nous entrons dans les entrailles de Gaïa. On avance de plus en plus vite, petit à petit, jusqu'à atteindre la vitesse de croisière. Il faut un peu de temps pour s'habituer à l'hygométrie, à l'obscurité et au grondement grandissant de la rivière. On enchaîne rapidement les obstacles et franchement c'est grisant. On ressent le plaisir de l'engagement et... la morsure du froid sur mes pieds ne jouissant pas du privilège d'être vétu de chaussons néoprènes. Le volume d'eau est plutôt raisonnable, c'est à dire le juste niveau pour pas se retrouver dans le rouge à la remontée mais pour mettre un peu d'ambiance dans les vasques. On arrive à la première cascade. Celle-ci n'est pas équipée. C'est pas grave car on a 4 kits de matos bien lourds et totalement inadaptés à la progression aquatique (et un qui l'est: Bravo Camille, tu avais bien suivi le cours sur le canyon). J'équipe la première corde et je saute dans la première vasque avec mes 2 kits. Il ne faut pas rester trop longtemps dans l'eau car les kits se remplissent et vous tirent inlassablement vers le fond. Arrivé au deuxième obstacle, on constate que celui-ci est bien équipé. Nous sommes donc dans la pire cas de figure. Celui où au final on sait pas bien ce qu'il faut avoir sous le coude, on va devoir se trimballer du matériel durant toute la sortie.
Camille et Yann semblent bien apprécier notre périple dans cette cavité aquatique. Je devine au détour de quelques sourires esquissés, qu'ils partagent pleinement mon engouement pour la chose. Poser un jour de congé pour faire ca...je n'éprouve aucun regret ! On arrive a la cascade de la nymphe que je saute négligeamment. A la réception je me rammasse l'éclairage de secours dans les dents. Mes 2 comparses empruntent la voie de la sagesse et équipent la petite désescalade. Je dirais a vue de nez que l'on est à la moitié du parcours. On passe l'ancien terminus de la cavité pour s'enquiller sur les dernières cascades sympathiques : "espoir" suivie de "l'ogive". Le cortège s'arrête pour se donner aux plaisirs figés de la photographie. Sortir de l'ogive est telle une deuxième naissance pour un spéléologue.
Pierres de prière à destination de Gaïa liées à un rite païen
Nous arrivons au terme de nos 2600m de developpé parcourus sous terre. Nous laissons nos sacs avant le chaos qui précède le siphon terminal. Nous partons, dorénavant allégés, vers notre point ultime de pèlerinage. Nous nous receuillons quelques instants devant cette masse d'eau étale qui ne laisse rien présager de son contenu qui est peut-être empli de véritables merveilles. Camille nous fait remarquer qu'un crapeau se languit du soleil en arpentant les galets humides et froids du sous-sol. Un autre réalise quelques brasses, dans la totale ignorance du conflit qui oppose l'Ukraine et la Russie et de son impact sur la production céréalière européenne. Quelques galets disposés habilement par des spéleistes sous forme de lettres, nous délivrent avec substance une prose visant indubitablement à nous acculturer. Je suis songueur...mais j'ai froid aux pieds. Nous nous remettons en marche pour effectuer un repli progressif vers la sortie. 160 mètres de dénivelé nous séparent des chaussettes chaudes et des tisanes à la camomille. Je le verbalise autistiquement en quelques mots succints : "On est pas d'ici !".
Nous remontons avec ferveur vers cette zone sablonneuse aisément reconnaissable par l'absence d'eau et de nuisances sonores. Camille nous impose une pause repas absolument imprévue pour moi et mes pieds. Après une courte négociation, j'obtiens une tasse de Thé en échange de quelques minutes de repas dans un ambiance hautement fraîche. Après avoir effectué cette courte pause restauratrice, nous nous remettons en chemin vers la surface. Nous redécouvrons tout les obstacles à contre-courants mais aussi a contrario de la fameuse force de gravitation delaquelle il est parfois plus ou moins difficile de faire abstraction. Resortir de quelques vasques n'est parfois pas choses facile. Il faut nager en compagnie des sacs qui se remplissent d'eau et, sans avoir pied, saisir une corde pour se tracter en dehors de l'eau...et ce jusqu'à la prochaine baignoire.
C'est tout de même assez concrétionné
C'est a Yann de procéder au déséquipement. On récupère, au fil de l'eau (lol facile) l'ensemble du matos que l'on avait abandonné par excédent durant la descente. Plus on avance, plus on fatigue. Plus on fatigue, moins on avance ! Et en plus on s'alourdie. Ma femme va me tuer car je lui avait dit optimistiquement que je ferais les courses en sortant et que l'on en avant pour 3 ou 4 heure maximum. Nous voilà de retour à l'entrée et mes craintes se confirment, je suis encore à la bourre ! Nous rangeons rapidement le matériel et je pars en trombe en direction de la supérette.
Cela paraît facile à franchir mais...
Ouf, quelques obstacles sont équipés
Ce fut une sortie fort sympathique. Merci. à Yann et Camille.
@ Bientôt sous terre,
Nicolas
Photos : Camille